Entre 2018 et 2020, l’innovation s’invite chez près de la moitié des entreprises françaises

Quand on parle d’innovation dans les entreprises, on englobe les innovations de produits (au sens large, biens physiques et services), de procédés, de modes d’organisation, de méthodes marketing et bien sûr le développement des activités R&D. Ce cadre est large mais permet ainsi de valoriser l’initiative des entreprises françaises. En effet, entre 2018 et 2020, 47% des entreprises de plus de 10 salariés remontent ainsi avoir innové selon une étude de l’INSEE. Ce chiffre est tiré vers le haut par les entreprises de 250 salariés ou plus dont 77% innovent (contre 44% pour les entreprises de 10 à 49 salariés). Cet écart suivant la taille de l’entreprise peut en partie être expliqué par les mécanismes de financement de l’innovation : en effet près de 55% des entreprises de 250 salariés ou plus ont bénéficié sur cette période d’aides publiques, contre 40% pour les entreprises de plus petite taille.

Figure 1 : Part des entreprises innovantes entre 2018 et 2020, selon le secteur et le type d’innovation – Source INSEE, enquête Capacité à innover et stratégie (CIS) 2020

Si la taille de l’entreprise est un facteur distinguant dans la propension à innover, le secteur d’activité l’est tout autant. Le secteur de l’information-communication est ainsi le fer de lance de l’innovation avec 74% de ses entreprises concernées. Sans trop de surprise on retrouve en deuxième et troisième positions les secteurs des activités spécialisées, scientifiques et techniques à 56% et de l’industrie à 54%. La construction, dernière de classe, tire la moyenne vers le bas avec seulement 37% d’entreprises innovantes. On peut également noter que les entreprises sont généralement plus innovantes dans ce qui a trait à leurs secteurs d’activité : par exemple, 37% des entreprises d’information-communication innovent dans ces mêmes procédés ; 20% des entreprises du transport et de l’entreposage innovent en logistique, livraison et distribution. On peut de plus relever que 67% des entreprises qui réalisent une partie de leur chiffre d’affaires (CA) à l’étranger innovent, contre 42% pour celles qui le réalise entièrement sur le territoire national.

Parmi les moyens de financement de l’innovation, on peut également mentionner l’emploi d’une partie du CA de l’entreprise. En moyenne en 2020 les entreprises françaises qui innovent consacrent ainsi 8% de leur CA à ces fins. 10% d’entre elles sont même allées jusqu’à dépenser près d’un quart de leur CA pour financer l’innovation. Ici encore les secteurs de l’information-communication et des activités spécialisées, scientifiques et techniques font figures de proue avec 17% de leur CA en moyenne. Mais la crise sanitaire débutée cette année n’a pas épargné les décisions d’innovation. C’est en effet environ un tier des entreprises, tout domaine confondu, qui ont dû mettre en pause leurs activités d’innovation. Les entreprises du secteur de l’information-communication ont été les plus pénalisées, selon l’enquête, avec 48 % d’entre elles pour qui le covid a pesé sur leurs décisions d’innovation. A l’inverse, de nombreuses sociétés ont remonté que la crise a joué un rôle d’accélérateur de l’innovation.

Dans cette période d’urgence climatique, la question de l’impact environnemental se pose de plus en plus, que ce soit dans nos usages, nos modes de consommation, mais également au niveau de l’entreprise dans la chaîne de valeur. L’innovation peut ainsi être mise au service de la protection de l’environnement et est un levier d’action important pour aider les entreprises à réduire leur impact. Cette étude relève que 37% des entreprises estiment ainsi avoir pu réduire leur impact environnemental, 30% à travers leur production et 27% à travers la consommation du bien ou service produit. Mais la principale économie réalisée est souvent la réduction de la consommation énergétique et/ou de l’empreinte carbone par ces entreprises. On peut noter par exemple que les secteurs de la construction et du commerce ont été bons élèves, avec des initiatives qui ont notamment permis aux entreprises de faciliter leur recyclage.

L’innovation est donc également un formidable outil au service de problématiques sociétales, ce qui motive déjà et devrait continuer de motiver largement les entreprises à investir. Reste la question des facteurs limitant, tels que le coût ou le manque de compétences, qui freine encore aujourd’hui près d’un quart des entreprises interrogées à travers cette étude de l’INSEE. Des questions auxquelles essayent de répondre les organismes d’accompagnement et de financement de l’innovation.

Source : Près de la moitié des entreprises se déclarent innovantes entre 2018 et 2020, avec un bénéfice environnemental dans un tiers des cas, étude statistique de l’INSEE parue le 28 juillet 2022 et publiée par Sandrine Firquet.